Alors que l’Accord de Paris sur le Climat a été adopté le 12 décembre dernier, lors de la COP21, la coalition Eau rappelle que celle-ci est au cœur des bouleversements climatiques tout en étant une solution-clé pour faire face à leurs impacts. Partout dans le monde, des actions centrées sur l’eau sont ainsi mises en oeuvre au niveau local pour lutter contre le changement climatique et ses effets.

Inondations, sécheresses, désertification, montée des océans… Le dérèglement climatique affecte l’ensemble du cycle de l’eau. Il impacte négativement la quantité et la qualité des ressources en eau, accroit la pression sur celles-ci et accentue les risques de catastrophes naturelles.

L’eau, une ressource vitale menacée par le changement climatique

Ces variations auront de fortes répercussions humaines, économiques et environnementales, qui toucheront (et touchent déjà) en premier lieu les populations les plus vulnérables :
– Accès à l’eau potable et à l’assainissement : le réchauffement climatique impacte négativement la quantité et la qualité des ressources en eau à disposition des populations, et ce, alors même qu’environ 2 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à une eau potable et à l’assainissement.
– Sécurité alimentaire : l’accroissement du stress hydrique touchera en premier lieu les agricultures familiales du Sud, du fait de leur plus grande dépendance à l’environnement.
– Energie : la diminution de la ressource affectera la production énergétique, tandis que l’importante consommation d’eau par ce secteur accroîtra la pression sur la ressource.
– Ecosystèmes : l’augmentation des températures de l’eau, les modifications du ruissellement, l’assèchement de zones humides et l’avancée de la désertification vont entraîner une destruction importante de la faune et de la flore.
– Catastrophes liées à l’eau : 90% des catastrophes naturelles sont liées à l’eau. La variabilité et l’intensité croissante des précipitations, du fait du changement climatique, augmentent le risque d’inondations et de sécheresses dans de nombreuses zones du globe.
– Paix : le changement climatique accroît la pression sur les ressources en eau, ce qui crée des conflits entre les différents usagers. A cela s’ajoute le phénomène des réfugiés climatiques, les questions relatives aux déplacements de personnes constituant des risques de tensions supplémentaires.

L’eau, un élément clé dans la lutte contre le changement climatique encore peu pris en compte

L’eau a un rôle majeur à jouer, tant pour l’atténuation [1] que pour l’adaptation [2] au changement climatique. Ainsi, le domaine de l’eau peut contribuer aux efforts d’atténuation en limitant la consommation énergétique du secteur ou en limitant le rejet des gaz à effet de serre, notamment via le traitement des eaux usées. Par ailleurs, l’eau est un enjeu phare pour l’adaptation : l’accès à l’eau potable et à l’eau agricole, la bonne gestion de la ressource, son utilisation efficace et sa protection sont des facteurs essentiels d’amélioration des conditions de vie des populations, afin qu’elles puissent faire face aux effets du changement climatique.

Pour Hervé le Treut, climatologue et membre du GIEC, si des prévisions exactes quant au changement d’eau amenés par les variations de climat sont difficiles à prévoir sur une région donnée ; ces changements existeront, et seront importants.

Pourtant, malgré ces enjeux, l’interdépendance entre eau et climat est encore peu prise en compte par les décideurs, notamment dans les négociations et politiques relatives au climat. L’Accord de Paris sur le Climat, adopté le 12 décembre dernier lors de la COP21, ne mentionne pas une seule fois l’eau. Toutefois, les pays y ont souligné, dans leurs Contributions Prévues Déterminées au niveau National (CPDN), que l’eau est leur 1ère priorité dans le cadre de l’adaptation au changement climatique. Quant aux politiques nationales ou locales, elles intègrent encore peu cette relation entre eau et climat.

S’appuyer sur des solutions locales centrées sur l’eau pour lutter contre le changement climatique

Face à l’urgence, il est temps d’agir. L’accent doit être mis sur le renforcement des populations les plus vulnérables. Des solutions pour lutter contre le changement climatique, centrées sur l’eau, existent. Sur le terrain, des initiatives concrètes s’appuyant sur les populations locales et intégrant les savoir-faire locaux sont ainsi mises en place, notamment avec l’accompagnement des ONG :
– Accès à l’eau potable : construction ou réhabilitation de forages, de réseaux d’adduction d’eau, distribution de filtres à eau
– Accès à l’assainissement : construction de latrines, de stations d’épuration, mise en place de systèmes de traitement des eaux, sensibilisation à l’hygiène...
– Sécurité alimentaire : irrigation par goutte-à-goutte, agro-écologie…
– Protection de l’environnement : réhabilitation des sources naturelles, protection des mares, reboisement, mise en place d’un système de gestion durable des ressources naturelles…
– Catastrophes liées à l’eau : diagnostic des risques, mise en place de système d’alerte précoce, construction de digues, utilisation de matériaux plus résistants pour la construction des habitations en cas d’inondations…
– Renforcement des connaissances : renforcement des capacités sur les enjeux liés à l’eau, amélioration des connaissances sur le climat.

Climat et Eau sont donc indissociables. Ce n’est qu’en prenant en compte ce paradigme que les politiques relatives au climat et à l’eau seront efficaces. Et ce n’est qu’en renforçant les conditions de vie et les capacités des populations locales, notamment via des projets Eau adaptés aux contextes locaux et centrés sur les communautés, que les effets du changement climatique pourront être enrayés.