Déclaration du CRID sur la situation au Brésil

, par  Valentin Prelat (communication USP)

Alors que les Jeux Olympiques vont s’ouvrir dans quelques jours à Rio de Janeiro, le CRID et ses organisations membres déplorent le silence coupable de la communauté internationale, notamment de la France, face au coup d’État institutionnel en cours, à la répression des mouvements sociaux et au démantèlement méthodique des politiques sociales qui bénéficiaient aux plus pauvres.

Alors que les Jeux Olympiques vont s’ouvrir dans quelques jours à Rio de Janeiro, le CRID et ses organisations membres déplorent le silence coupable de la communauté internationale, notamment de la France, face au coup d’État institutionnel en cours, à la répression des mouvements sociaux et au démantèlement méthodique des politiques sociales qui bénéficiaient aux plus pauvres.

Le gouvernement brésilien actuel est illégitime

Le gouvernement intérimaire actuel est supposé régler uniquement les affaires courantes. Or, il a totalement changé de politique, sans bénéficier de la légitimité des urnes, en allant jusqu’à nommer des ministres ayant perdu les dernières élections (comme José Serra par exemple).

Ce gouvernement est en outre exclusivement composé d’hommes, blancs et issus de l’oligarchie économique et politique brésilienne. Trois de ses ministres, Henrique Alves, ministre du tourisme, Romero Juca, ministre de la planification et Fabiano Silveira, ministre de la transparence, ont déjà été suspendus pour corruption. Et le traitement des hauts fonctionnaires a été augmenté alors que l’une des motivations prétendues du renversement de pouvoir était la « diminution de la dette de l’État ».

Il réprime les mouvements sociaux

Déjà sous Dilma Roussef, les manifestations étaient souvent sévèrement réprimées, les questions de sécurité et la police ne relevant pas de la compétence du gouvernement fédéral, mais de celle des États fédérés qui pour certains mènent des politiques très répressives.

Mais aujourd’hui la situation s’aggrave et de nombreux signaux nous paraissent inquiétants. En effet, le nouveau ministre de la justice, Alexandre de Moraes, est l’ancien Secrétaire à la sécurité publique de l’État de São Paulo. Très critiqué pour ses appels récurrents à la répression policière contre les manifestants progressistes de São Paulo, il continue son œuvre en interdisant massivement les manifestations et en essayant de rendre impossibles voire illégales certaines actions de revendications sociales. Exemple récent : lundi 25 juillet, la police fédérale a fait violemment évacuer le siège régional du ministère de la culture à Rio de Janeiro, occupé depuis deux mois par de jeunes manifestant.e.s hostiles au gouvernement intérimaire. Pour couper court à toute manifestation, elle a fait ériger un mur autour du bâtiment public, empêchant quiconque de s’en approcher. Autre exemple : le MTST (Mouvement des Travailleurs sans Toit) a occupé le siège régional de la présidence de la République à São Paulo pour protester contre le gouvernement Temer et a été délogé début juin avec violence par la police militaire. Huit personnes ont été arrêtées, ce alors que les manifestant anti-Dilma avaient occupé la même rue pendant des mois auparavant sans jamais être inquiétés.

Il détruit les politiques sociales

Pour l’instant, aucune véritable action n’a été engagée, mais certaines annonces laissent envisager le pire. Par exemple, le Ministre de la santé (dont la campagne a été financée par un propriétaire de mutuelle !) souhaite développer les mutuelles privées pour limiter le recours au Système Unique de Santé [public]. Par ailleurs, la démarcation des terres indigènes (territoires appartenant à l’État fédéral et réservés à l’usage exclusif des peuples indigènes, sur lesquels aucun usage privé n’est possible) décidée par Dilma Roussef a été annulée dès la première semaine de prise de fonction du nouveau gouvernement. Le programme de bourses étudiantes pour l’étranger a été supprimé également, ainsi que le programme Minha Casa Minha Vida, (Ma maison ma vie) programme de construction de grands ensembles d’habitation réservés aux Brésiliens les plus mal-logés.

Alerté par ses partenaires, préoccupé du respect des droits, le CRID appelle la société civile française à renforcer son soutien direct aux mouvements sociaux brésiliens face aux pressions grandissantes qu’ils subissent, et demande au gouvernement français de :

 ne pas reconnaître le gouvernement Temer comme légitime au même titre que le précédent, et œuvrer par tous les moyens possibles pour le retour à l’ordre légitime respectant le résultat des dernières élections,
 faire connaître chaque fois que pertinent les violations de l’ordre constitutionnel et/ou démocratique, et apporter son appui aux mouvements sociaux et citoyens brésiliens victimes de ces violations chaque fois que nécessaire,
 rappeler l’impératif de redistribution et de lutte contre les inégalités, notamment à l’occasion des Jeux Olympiques.

Signataires

Amélie Canonne, co-présidente du CRID
Vincent Brossel, co-président du CRID
Fabien Cohen, président de France Amérique Latine
Michel Faucon, ancien président du CRID
Gérard Halie, Mouvement de la Paix

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